RDC – Assassinat de Patrice Lumumba : petit à petit, la vérité fait son nid

Si le XXe siècle a été celui des indépendances africaines, le XXIe, plus encore que le précédent, restera sans doute comme celui des soldes de tout compte voire des règlements de comptes… Celui des premières restitutions d’œuvres spoliées, quelquefois ; des premières excuses, rarement ; de la vérité, qui avance à pas comptés ; et de la justice, tardive, notamment sur les dossiers emblématiques des violences (post-)coloniales comme celui de la disparition du héros de l’indépendance congolaise Patrice Lumbumba.

Certes, le septième roi des Belges, Philippe, a exprimé ses « plus profonds regrets pour les blessures » d’une histoire commune. Mais quid du cas particulier de Patrice Lumumba ? Sur ce cas particulier, le chef du gouvernement Alexander De Croo a restitué la dent du premier Premier ministre du Congo. Mais qu’en est-il de la recherche de la vérité sur le déroulement de l’assassinat ?…

L’État belge impliqué jusqu’à quel point ?

C’est en 2011 que la famille Lumumba – notamment le fils aîné François – portait plainte contre l’État belge et onze personnalités de ce pays considérées comme responsables de l’exécution de la figure de l’indépendance du Congo. Le caractère sensible de l’affaire se combinant avec le train de sénateur naturel de la justice, les rebondissements tardent à se produire. Mais aujourd’hui, les choses semblent enfin s’accélérer.

L’assassinat de Patrice Lumumba a eu lieu il y a 61 ans. Travaillant à huis clos, une commission d’enquête parlementaire belge avait conclu, il y a 21 ans, à la « responsabilité morale » de l’ancien pouvoir colonial. La plainte de la famille Lumumba a quant à elle 11 ans. Suite à une demande de reversement de toutes les pièces rassemblées par ladite commission, une perquisition puis une mise sous scellés au Parlement fédéral ont eu lieu en janvier dernier. Et c’est cet automne que la justice belge a tranché : un arrêté de la Chambre des mises en accusation vient d’ordonner le versement au dossier d’instruction de 200 classeurs qui contiennent la quasi-totalité des comptes rendus sténographiques des dix-huit mois de travaux de la commission d’enquête.

« Quasi » ? Deux auditions ne seront pas rendues publiques, celles des seuls inculpés encore en vie, Étienne Davignon et Jacques Brassinne de la Buissière. Ces derniers auraient été entendus en l’absence de leurs avocats… Les militants de la vérité sur l’assassinat de Lumumba espèrent l’apparition d’éléments jusqu’ici inconnus concernant le déroulement du crime de 1961, notamment l’implication de la Belgique. Mais ils craignent que les informations les plus éclairantes ne soient couvertes par l’exception des deux auditions maintenues sous scellées…

 

 

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