André Manoukian : très ému, il évoque un douloureux souvenir de son père, quelques mois avant de mourir

Invité sur le plateau de C à vous, André Manoukian est revenu sur un souvenir douloureux, partagé avec son papa, décédé en 2016.

Face au contexte géopolitique mondial, les équipes de C à vous ont invité André Manoukian qui a tenu à aborder la commémoration du génocide arménien. « On n’est pas nés d’un massacre, on était dans ce pays avant aussi. C’est pour ça que pour moi, c’est important, bien sûr, d’aller en Arménie, mais c’est encore plus important d’aller en Turquie, de parler à des jeunes Turcs »a-t-il déclaré. L’artiste engagé n’a pas hésité à partager sa colère devant l’inaction des pays occidentaux face à la situation arménienne. « L’Arménie n’a pas de ressources : pas de pétrole, pas de gaz, pas de blé, donc pas d’intérêt à protéger absolument, c’est ça qui est terrible », avance Anne-Elisabeth Lemoine. Ce à quoi André Manoukian rétorque : « Et elle a plus Charles Aznavour ! ».

André Manoukian s’est alors souvenu d’un moment particulier qu’il a partagé avec son père, quelques mois avant de décéder : « Mon père, il est parti à 95 ans. Deux mois avant de partir, je l’entends chanter quelque chose. Je lui dis ‘Mais qu’est-ce que tu chantes ?’ Il me dit : ‘Ah, c’est du turc, ça me remonte' »lâche-t-il, très ému, montrant à quel point le conflit arménien a marqué la vie de son papa. Déjà invité sur le plateau de C à vousle 23 avril 2021, l’artiste était revenu sur ses débuts de carrière et sur l’implication de son père dans sa passion pour la musique : « Il n’était pas pro, mon père jouait mal du piano », commence-t-il par déclarer.

Le décès de son père, une épreuve pour André Manoukian

Le musicien évoque ainsi la vie de son papa : « Il rentrait du magasin, il était tailleur pour dames et d’ailleurs il faisait du sur-mesure et après quand j’ai travaillé pour les chanteuses j’avais les mêmes gestes, avec les bandes magnétiques, je me les mettait autour du cou comme des centimètres. Il jouait Bach et quand j’entends Bach j’ai envie de pleurer »dévoilait-il. Le 16 février 2016, le père d’André Manoukian meurt à l’âge de 95 ans. Une terrible épreuve pour son fils, qui se rappelle ô combien la vie de son père n’a pas été facile : « Mon père a eu une enfance bercée par ces récits et il s’est fait un devoir de nous épargner toutes ces horreurs ».

Les hommages de l’artiste

Et c’est grâce à la musique qu’André Manoukian a réussi à adoucir sa colère et se servir de cet Art pour rendre hommage : « Quand on étudie la musicologie, on découvre que tous nos instruments et la musique viennent de là. C’est Platon qui a chassé la musique orientale de la cité grecque. Le philosophe détestait ses inflexions sucrées coupables de ramollir les esprits. Selon lui, la musique dionysiaque réveillait l’animalité ; seule la musique apollinienne élevait vers la spiritualité. Dans son sillage, les religions n’ont eu de cesse de séparer le divin et le profane. La religion chrétienne a accentué cette dichotomie entre le corps et l’esprit, distingué la musique à la gloire de Dieu et celle… du diable ! ».

André Manoukian, un artiste engagé

Le musicien a toujours voulu montrer aux autres comment la musique pouvait avoir des bénéfices pour tout le monde : « Cette soif de parler au plus grand nombre est un héritage familial. Il me vient de ma grand-mère arménienne. Elle a survécu grâce à sa capacité à se faire comprendre. Déportée des bords de la mer Noire jusqu’au désert de Deir ez-Zor, en Syrie, elle avait noté que le commandant turc de son convoi priait plusieurs fois par jour. Elle l’a imploré de l’épargner au nom de sa foi. Je lui dois ce besoin vital de me relier par la parole et de susciter de l’empathie ».

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