La France veut améliorer le revenu des cacaoculteurs africains, dont ceux du Cameroun d’ici à 2030

Dans son objectif de rendre la filière cacao plus durable d’ici 2030, le gouvernement français a lancé l’Initiative française pour un cacao durable (IFCD), qui célébrait son premier anniversaire ce 4 octobre à Paris en présence des pays producteurs : la Côte d’Ivoire, le Ghana… et le Cameroun. Depuis sa création, l’IFCD s’est doté d’une feuille de route dont l’un des buts est d’assurer un revenu décent aux cacaoculteurs.
Dans le premier objectif de cette feuille de route, la France prévoit d’« améliorer le revenu des cacaoculteurs et de leurs familles, afin qu’ils puissent atteindre un revenu décent au plus tard d’ici à 2030, en collaboration avec les pays producteurs ».
Un objectif qui concerne bien les producteurs camerounais. Jusqu’à présent, ces derniers continuent de se contenter de la portion congrue des revenus engendrés par la commercialisation des fèves au Cameroun, alors même qu’ils constituent la principale force de travail. Cette situation a encore été visible avec la campagne 2021-2022, qui a pourtant généré des revenus d’un montant total de 288,7 milliards de FCFA, selon les données de l’Office national du cacao et du café (ONCC).
Comme au Cameroun, les producteurs de fèves de cacao sont les parents pauvres de ce secteur dans les autres pays producteurs sur le continent et en Amérique du Sud. À cet effet, l’Organisation internationale du cacao (ICCO) révèle que seuls 2 % des revenus reviennent aux producteurs à l’échelle mondiale. Les chocolatiers se taillent la part du lion avec 35 % du chiffre d’affaires, tandis que le reste revient aux industries de broyage et aux transporteurs.
Sécurité alimentaire
Pour réduire cet écart, Paris veut se servir de l’IFCD pour aider les cacaoculteurs à gonfler leurs revenus en promouvant par exemple auprès de ces derniers des « systèmes agricoles diversifiés et durables pouvant contribuer notamment à la sécurité alimentaire », comme on peut le lire dans la feuille de route.
Il est aussi question de mettre en place des mécanismes comme l’amélioration des prix payés aux cacaoculteurs, des primes et autres mesures génératrices de revenus. En retour, l’IFCD doit s’assurer que les cacaoculteurs des pays producteurs respectent les pratiques agricoles durables.
Pour comprendre ce deal, il faut intégrer le fait que l’IFCD a été créé dans le cadre de la stratégie nationale de la France pour lutter contre la déforestation importée. Une plateforme qui réunit l’État français, des entreprises de l’industrie, des enseignes de distribution, des organisations de la société civile, des instituts de recherche travaillant sur la filière cacao et chocolat en France.
Ce n’est donc pas étonnant si la feuille de route de l’IFCD promet de « mettre en place des programmes et/ou soutenir des projets de lutte contre la déforestation et de restauration des forêts dégradées en raison de la production de cacao, ainsi que des programmes d’appui aux aires protégées dans les zones de cacaoculture et en périphérie ».
Michel Ange Nga
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