Le Cameroun prépare une demande d’aide à GAVI pour déployer le vaccin antipaludique dans le pays

Le Cameroun va soumettre une demande d’aide à GAVI, l’Alliance du vaccin, pour le déploiement du premier vaccin antipaludique dans le pays. « Comme pour toutes les introductions, on monte un dossier avec un argumentaire, une évaluation des capacités opérationnelles et l’impact attendu pour le pays sur la réduction du nombre de décès », a déclaré à SBBC, Dr Shalom Tchokfe Ndoula, secrétaire permanent du Programme élargi de vaccination (PEV). « Nous sommes au stade de la stratification des risques pour identifier les zones et les cibles à couvrir », a-t-il ajouté.
Le 20 juillet dernier, GAVI a ouvert une procédure permettant aux pays de demander un financement et un soutien pour le déploiement du premier vaccin antipaludique RTS,S, notamment sur le continent africain. Ce soutien international, évalué à près de 160 millions de dollars américain et réparti sur la période allant de 2022 à 2025, devrait permettre d’améliorer l’accès au vaccin pour les enfants exposés à un risque élevé de maladie et de décès dus au paludisme en Afrique, dont au Cameroun.
Le premier guichet, qui a refermé ses portes le 13 septembre dernier, était exclusivement réservé au Ghana, au Kenya et au Malawi, les trois pays africains qui ont lancé la phase pilote de l’introduction de ce vaccin en 2019. Les autres pays peuvent soumettre une manifestation d’intérêt en prévision d’un deuxième guichet qui va s’ouvrir à la fin de l’année 2022 et se fermer en janvier 2023, « pour signaler leur intérêt et solliciter de l’aide pour la préparation de leur demande », précise GAVI dans un communiqué publié à cet effet.
Parallèlement, GAVI a publié des directives (disponibles ici) concernant son soutien : il s’agit d’un soutien ciblé qui augmentera en fonction des volumes disponibles, grâce à la montée en puissance de la production. L’Organisation mondiale de la Santé (OMS), elle, a annoncé la finalisation du cadre d’allocation des vaccins pour faciliter la répartition transparente et équitable des vaccins disponibles (en quantité limitée), tandis que le Fonds des Nations unies pour l’enfance (Unicef) a signé un accord d’achat pour le vaccin RTS,S. Ce vaccin est le seul à ce jour qui a montré une efficacité protectrice contre le paludisme chez le jeune enfant, selon l’OMS.
Interventions de lutte
« L’introduction du vaccin antipaludique RTS,S/AS01 s’appuie sur le succès des essais pilotes et constituera le tout premier programme de vaccination antipaludique à grande échelle. Parallèlement aux interventions de lutte contre le paludisme actuellement recommandées – et en complément des moyens de protection disponibles, il pourrait faire baisser la mortalité infantile en Afrique, continent le plus lourdement frappé par cette maladie », affirme cette agence onusienne. Au Cameroun, le paludisme reste la première cause de morbidité et de mortalité, notamment chez les enfants.
 « Le paludisme est fortement endémique au Cameroun, ce qui signifie que les 27 millions de Camerounais que compte le pays sont tous régulièrement exposés à la maladie. Chaque année, nous enregistrons six millions de cas de paludisme et nos établissements de santé déplorent 4 000 décès environ, dont la plupart touchent les enfants de moins de cinq ans. Cependant, tous les cas ne sont pas enregistrés et l’OMS estime qu’environ 11 000 personnes meurent du paludisme au Cameroun chaque année », selon Dre Dorothy Achu, secrétaire permanente du Programme national de lutte contre le paludisme (PNLP).
En 2020, 2,6 millions de cas de paludisme ont officiellement été confirmés dans les formations sanitaires, dont 32 % d’enfants de 0 à 5 ans. Ils ont représenté 64 % des 4 121 morts imputables à cette maladie vectorielle dans le pays cette année-là. L’OMS recommande que ce vaccin soit inoculé en cinq doses dès l’âge de 5 mois. L’introduction de ce vaccin au Cameroun a notamment constitué l’un des axes des échanges du deuxième Comité de coordination inter-agence (CCIA) du PEV pour 2022, vendredi 16 septembre à Yaoundé. Au cours de cette rencontre, le représentant résident de l’OMS, Phanuel Habimana, a relevé « l’intérêt » de ce vaccin pour le pays, au regard du nombre de cas enregistrés au sein des communautés. Le ministre de la Santé publique (Minsanté), Manaouda Malachie, a déclaré que « l’État doit aussi se mobiliser pour obtenir toute une cargaison » du vaccin RTS,S, en plus des doses proposées par GAVI.
Patricia Ngo Ngouem
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